La peinture figurative d’Alice Chanclu rassemble différentes techniques telles que l’aquarelle, l’huile, la gouache ou la photographie pour retranscrire ce qu’elle voit, l’intéresse, sélectionne et rassemble. Mais la technique n’est clairement pas le sujet ici. Ni même le sujet le centre du travail, puisqu’il s’agit plus, dans le choix des images que l’artiste extrait de films, d’Internet, de jeux vidéo, ou reproduit à partir de cartes postales, manga et pochettes de disque, d’un rapport pur à sa subjectivité que d’une recherche picturale. Portraits, natures mortes ou paysages urbains et végétaux, l’exercice à l’œuvre ne tient pas tant du processus de fabrication qu’à la mise en place d’un régime de présentation. Nous pourrions en effet dérouler les tableaux de l’artiste comme sur le feed d’un tumblr, car c’est la collection qui est en jeu comme motif de travail et de production. Les peintures d’Alice Chanclu prennent place dans l’espace comme dans un album. Référencées, catégorisées, elles sont classées par associations, chacune appelant la suivante à la manière d’un souvenir. Fuyant le spectaculaire mais assumant la référence au blog, Alice Chanclu place le principe de publication et de partage de ce qu’elle aime au cœur de son œuvre. Elle surfe alors sur les limites de l’intime dans une relation compulsive et presque adolescente à l’image, abordant la confusion réelle et exacerbée par les réseaux sociaux entre générosité et narcissisme, besoin d’icônes et quête de sa propre identité.

Texte d'Élisa Rigoulet pour le DNSAP, Beaux-arts de Paris.